Manoir de Mesnoalet
Manoir de Mesnoalet
Située au sud-ouest de Guilers, cette gentilhommière, si riche en souvenirs, a traversé plus de cinq siècles.
En 1687, le manoir de Mesnoalet consistait en une maison couverte d’ardoises et de genêts, ayant salle, cuisine et buanderie au rez-de-chaussée, et chambres à l’étage.
Les étables et crèches, séparées du logis principal, devaient servir de limites à la cour close.
Une petite maison en dépendance, neuve et couverte d’ardoises, se situait non loin de la « barrière » de Mesnoalet du côté de Saint Fiacre. On la nommait « le Portal »
Le colombier existait déjà en 1530 et la chapelle se trouvait à 600 mètres au nord du manoir, au village de Saint Fiacre.
Le moulin situé au sud de la ferme a été rasé en 1887
De la construction primitive, il reste l’escalier à vis logé dans une tourelle qui fait saillie sur la façade ouest, la cheminée de l’office et une partie des façades.
Les propriétaires des lieux, « Seigneur de Mesnoalet » occupaient, par l’ancienneté et l’importance du nom, le 2ème rang des familles nobles de Guilers.
Le plus anciennement connu est Yvon De Mesnoalet en 1415. Par son mariage en 1555, Françoise de Mesnoalet transfère le domaine de ses ancêtres aux De Penfentenyo, le nom patronymique disparaît pour toujours des registres de Guilers. Après les De Penfentenyo, qui la conservent pendant plus de 100 ans, la terre de Mesnoalet passe au Rosmadec de Molac vers 1667. En 1684, Louise Renée De Penancoet de Keroual fera faire valoir ses droits sur Mesnoalet, le manoir et la seigneurie de Mesnoalet restera en sa possession jusqu’en 1714. Le financier Antoine Crozat et sa famille en seront propriétaire sur l’espace de 64 ans. Vers 1786 la Couronne s’en rendit acquéreur. Après la révolution le domaine est racheté par Monsieur Le Jeune de Brest.
Depuis le XVIème siècle (1563), les lieux sont habités par des fermiers.
Anecdotes
Yves Provost prêtre réfractaire, réside au manoir pendant les troubles de la révolution.
Après le départ à Jersey du recteur de Guilers (Ulfien Duval) en 1792, son vicaire,Yves Provost, resta dans la région, se cachant soit à Mesnoalet, soit à Saint Pierre. Il mourut recteur de Lampaul-Plouarzel, après avoir exercé son ministère à Molène.
En 1797, Yves Provost s’occupait de donner les secours à ses paroissiens fidèles, les convoquant là où il pouvait. Il est dit dans un acte de dénonciation daté du 9 mai 1797 :
« Là, le jour de Pâques, les dimanches et les fêtes, environ les 2 et 3 heures du matin, des rassemblements considérables de trois à quatre-cents hommes et femmes ont lieu pour assister à la messe de Goachet, qui s’est adjoint de Provost, de Guilers, et Trébaol de Lambert. On y a confessé une quantité prodigieuse de monde dans une maison à four et dans une grange ; ils refont les baptêmes et mariages faits par les assermentés. »
Lettre du 21 juin 1849 d’Arnaud Marc Riverieulx maire de Guilers au tribunal civil de Brest
« J’ai l’honneur de vous écrire en faveur du sieur Claude Provost cultivateur sur cette commune, lequel est assigné à comparaître devant le tribunal civil pour avoir coupé dimanche dernier, au bourg, le hurlou à plusieurs personnes. Cette opération consiste à enlever au palais du malade un petit morceau de chair tout au plus de la grandeur d’une pièce de 25 centimes, l’opéré saigne, se lave la bouche et se trouve à sa grande satisfaction guéri des incommodités que lui causait le hurlou, qui ne peut se couper que 2 fois par an, au décours des lunes de mai et d’août, et par l’aîné des descendants d’une même famille. Provost succéda à son père qui avait succédé au sien. Il fait cette opération avec la plus grande certitude qu’il rend un grand service. L’on vient au lieu déterminé le trouver de 5 à 6 lieues et j’ai entendu de la bouche de personnes qui se sont présentés à lui, que si on ne leur avait pas coupé le hurlou, elles eussent fait de graves maladies. Depuis plus de vingt ans que je suis maire, je n’ai pas vu arriver d’accident de cette saignée au palais. J’ai cherché à l’empêcher et tous les habitants ont murmuré, aussi les ai-je laissés libres de se faire couper un peu de chair, ce qui est moins dangereux que les remèdes qu’ils vont chercher chez les […]. Je réclame donc l’indulgence du tribunal en faveur de Provost qui est père de famille, aimé et estimé de tous les habitants, membre du conseil municipal et qui n’a agi qu’avec la croyance d’être utile à ses concitoyens.
Sources et bibliographie
Chroniques oubliées des manoirs bretons, contribution à l’histoire des maisons nobles du bas Léon sous l’ancien régime.
Yves Lulzac. Éditions Yves Lulzac 1994-2005, 5 volumes.
Travaux d’Alain Stervinou
Archives départementales Brest